Le Figaro: DANSE Pour la première fois en France Alonzo, le

by René Sirvin, Le Figaro
December 3, 2004

Fidèle à sa politique d’ouverture, Guy Darmet présente dans sa Maison de la danse à Lyon un chorégraphe noir américain encore inconnu en France, Alonzo King, dont les oeuvres sont pourtant au répertoire d’une cinquantaine de compagnies à l’étranger. Après des études classiques à American Ballet School, le danseur s’est produit avec les Dance Theaters de Harlem et d’Alwin Ailey avant de fonder sa propre compagnie en 1982 à San Francisco.

Le programme comprend deux créations accompagnées par les compositeurs eux mêmes : Koto joué sur scène par la Japonaise Miya Masaoka qui tire de son instrument des mélodies séduisantes et des flots d’arpèges, et Who dressed you like a foreigner ? interprété dans la fosse par le maître indien Zakir Hussain (qui donnera deux concerts à marquer d’une croix blanche, les 18 et 19 décembre au Théâtre de la Ville).

Comme Forsythe, Alonzo King vénère Balanchine. Ses danseuses aux longues jambes rappellent celles du NYCB. La technique de base reste la même, avec des dégagés sur pointes somptueux, mais la chorégraphie est féline et sensuelle avec une nette influence afro-américaine. La troupe de dix danseurs comprend des noirs, des métisses et des blancs (dont le Suisse Xavier Ferla, le jeune Siegfried du Ring de Béjart à l’Opéra).


De Koto on retiendra surtout l’énigmatique scène de bastonnade par Brett Conway et John Michael Schert, et les virtuosités du jeune Noir Prince Credell.

Who dressed you like a foreigner ? débute par une éblouissante création musicale jouée par Zakir Hussain, percussionniste de tabla et chanteur exceptionnel. La chorégraphie, forte et originale, semble épouser chaque note tout en suivant une structure très stricte, avec solos spectaculaires de Prince Credell, magnifique trio féminin de Laurel Keen, Lauren Porter Worth et Chiharu Shibata, et des ensembles qui évoquent Forsythe par leur dynamisme éperdu. Le ballet s’achève sur un adage apaisant, tout à la fois tendre pietà et duo d’amour avec un bel Endymion endormi. Alonzo King : une révélation marquante.


A Lyon, Maison de la danse : ce soir à 20 h 30, le 4 à 15 h et 20 h 30, le 5 à 17
h, le 7 à 20 h 30 et le 8 à 19 h 30.